Est on arrivé au top de la technologie?
Pour certains, les petits bijoux de technologie que sont devenus nos drones ont atteint leur apogée: Tout est découvert et on ne fera pas mieux. Effectivement, qui aurait dit il y a 10-15 ans qu'on pourrait, avec des moyens somme toute limités envoyer une machine à 15 km de haut, la faire revenir, ou voler à des dizaines de kilomètres, le tout avec un retour vidéo et un contrôle parfait de son engin? Pensait on qu'on pourrait atteindre plus de 250 km/h avec des commandes tellement réactives qu'il faudrait avoir les réflexes d'un pilote de chasse pour évoluer en bando ou en race? Avec le recul, l'avancée est énorme. Même si on fait le point sur 5 ans, on ne vole plus de la même manière. Alors cette discipline a-t-elle tout déjà tout dit?
La force de l'Open Source
Si il y a un truc qui peut vous redonner foi en l'humanité, c'est bien le côté Open Source du "dronisme". Des passionnés qui bossent bénévolement pour développer et améliorer BetaFlight, des passionnés qui veulent juste faire marcher des trucs qui volent. Betaflight, c'est le Windows du drone. Un logiciel installé sur la carte mère (carte de contrôle) du drone, et qui va gérer tout un tas de gyroscopes, d'accéléromètres et de périphériques divers (moteurs, caméra, réception radio, GPS, etc...). On peut noter que Betaflight s'améliore et rend accessible pas mal de réglages et de technologies qui étaient autrefois inabordables pour un novice comme moi. Bien sur, chaque nouvelle version de Betaflight ne réinvente pas tout, mais petit à petit, de nouvelles fonctionnalités apparaissent. Les versions 4.4 par exemple apportent leurs amélioration, notamment au niveau du GPS rescue ou pour enregistrer un profil PID, l'OSD en HD... Tout ça n'est pas indispensable mais rend petit à petit "mainstream" la pratique du drone.
Mais on sait que tout ne s’arrêtera pas là. Étant Open Source, Betaflight n'est pas soumis à la loi du marché, au marketing et au nombre de ventes. Ce sont des passionnés qui bossent gratuitement pour d'autres passionnés, et qui prennent en compte les retours des utilisateurs. De cette dynamique ne peut sortir que du bon, de l'expérimental parfois mais du positif au final. Il est important de noter que Betaflight a été créé dans le cadre d'une communauté ouverte, avec des contributeurs du monde entier apportant leurs compétences et leurs idées pour en faire un logiciel de contrôle de vol puissant et flexible pour les drones FPV. Je vous dit, le FPV changera le monde..
Il y a également Open TX qui quand à lui fait tourner pas mal de télécommandes et est, comme son nom l'indique, aussi Open Source.
Les améliorations sur les 5 dernières années
Le retour vidéo HD: c'est une des améliorations majeures de ces dernières années. Avant, on avait de l'analogique pas très beau, mais ça portait loin et y'avait pas de latence. Aujourd'hui, avoir un retour vidéo numérique avec très peu de latence et une réception correcte sur plusieurs kilomètres est en train de devenir la norme. Avec le temps, on passera certainement du 720 au 1080p, voire au 4k?
La fiabilité du matériel: Quand j'ai commencé à m'intéresser aux drones il y a 7 ans, beaucoup de drones "prêts à voler" étaient vraiment pourris. Des marques comme Eachine sortaient tous les mois de nouvelles machines abominables genre racer 250 ou BP185. Ils étaient vendus le prix fort puis bradés quelques semaines pus tard tellement ils volaient mal. Par contre, c'est comme ça que j'ai pu faire mes premiers essais de vols pas chers en modifiant et en améliorant ces machines qui avaient une espérance de vol de moins de 5 minutes... Mais qui au final me coutaient moins de 80€.
Aujourd’hui, les drones qui sortent sur le marché sont plutôt de bonne qualité. Il y a du plus ou moins bon, mais rarement du tout pourri qui marche pas. Pareil pour les composants. Alors que je cramais régulièrement mes FC (ou gyro bloqué) il y a quelques années, j'ai vu une nette amélioration sur mes dernières machines. On peut même avoir de bonnes surprises avec des composants low cost chinois qui font le boulot qu'on leur demande. (attention, il y a quand même des risques sur l'ultra bas prix). Désormais si vous souhaitez acheter une FC, vous avez le choix parmi une centaine de cartes. Concurrence oblige, la qualité doit être au rendez vous.
Les batteries. J'en parle en mal plus loin dans l'article, mais on est passé en 5 ans de batteries 3S à du 6S, (bientôt du 8?) ce qui permet des accélérations démentielles et de très hautes vitesses de pointe.
Les châssis ont maintenant du style! J'ai commencé avec un ZMR 180 moche comme un poux, je monte en ce moment un magnifique drakkar aux lignes superbes. Là aussi, l’offre est conséquente, et on peut avoir à 30€ un châssis tout à fait correct. La qualité du carbone et du travail sur le carbone donnent des châssis solides. On est loin de mon Eachine QX 95 qui cassait à chaque crash.
Ce qu'il reste à améliorer
Les batteries. Est il raisonnable en 2023 de dépasser les 6S (6 cellules)? Une 6S est déjà une véritable brique sur le dos du drone, alors rajouter une ou deux cellules?! J'ai déjà abordé cette question dans cet article mais il est grand temps de trouver une alternative aux batteries Lipo. Le graphène semble prometteur mais reste au stade expérimental. On en verra pas avant plusieurs années. Pour moi, la batterie Lipo chère, fragile, dangereuse est actuellement le plus gros point faible de la pratique du drone.
Le système de propulsion. Une hélice c'est dangereux et ça fait du bruit. Pourtant un autre système de propulsion n'est pas pour demain. J'ai trouvé sur le net une technologie qui fait rêver: un système de propulsion par ionisation de l'air, et là, on se dit que le rêve de la voiture volante n'est pas si loin. La difficulté c'est qu'il faudrait une centrale nucléaire pour alimenter le machin. Mais il faut bien commencer par quelque chose. Tôt ou tard, ça va arriver. Le système de propulsion actuel pour un drone ou pour une voiture volante n'est pas satisfaisant.
L'utilisation du fer à souder (!). Personnellement, ça ne me dérange pas. Monter la machine est pour moi aussi plaisant que voler. Mais c'est assez rebutant pour le non initié, surtout sur de petits drones où les pads sont minuscules. Et même si vous optez pour une machine prête à voler (BNF), tôt ou tard un ESC crame, un moteur, le châssis cassent et vous êtes obligé de passer par la case outils et fer à souder. Pour l'instant, être droniste exige savoir bricoler. Ça fait partie du charme de la discipline et on a toujours la fierté de faire voler un bazar monté ou réparé soi même, mais ça constitue un obstacle pour que cette discipline devienne tout public.
Le niveau technique: ça va avec le point précédent. Configurer sa Taranis, binder son émetteur, régler les PID, ajuster l'armement sur Betaflight, flasher ses ESC : ces termes barbares sont certainement un véritable charabia si vous n'êtes pas initiés. Il y a pas mal d'heures à passer sur le net pour comprendre et assimiler tout ces concepts. Il y a encore un énorme boulot avant que cette discipline soit accessible à tous.
Le prix: Faire du FPV, ça coûte cher, et de plus en plus cher. L'équipement de base est assez conséquent. Entre le chargeur, les batteries (consommables!), la radiocommande, les lunettes, et enfin le drone, on atteint les 1000-1500 Euros. Plus encore si vous voulez voler avec un retour vidéo HD et un drone milieu de gamme, et une caméra genre Gopro. De plus,si vous construisez vos machine, vous vous êtes certainement rendu compte que les prix de l'électronique ont flambé. Finies les cartes FC à 40€... Il faut maintenant débourser le double. Si ça continue à augmenter comme ça, non seulement personne ne voudra se lancer dans l'aventure, mais ça risque aussi de refroidir les dronistes qui, au bout d'un moment, en auront ras le bol de raquer tout le temps pour le moindre composant.
Le drone, phénomène de mode?
Si oui, alors je suis clairement victime de la mode. Mais ça m'étonnerait que cette envie nous passe. Parce qu'on galère comme des rats pour faire voler nos bazars, on passe des heures à chercher sur le net, à traduire des schémas en chinois et à cramer des trucs et pourtant on en redemande. Juste pour faire voler une machine pendant 5 minutes (ou moins!), se sentir comme un oiseau avec le retour vidéo. Voler, c'est un rêve de gosse, c'est un rêve vieux comme le monde alors je pense que c'est pas demain que ça va nous lasser. Reste que pour l'instant, le vol en FPV n'est pas accessible à tous. L'investissement en temps et en argent est assez conséquent. On décolle, on se crashe, on perd du matos, on perd de l'argent.
Il y a une marge de progression énorme à cette discipline. Des constructeurs comme DJI ou Parrot démocratisent le vol en FPV, mais leurs machines ne procurent pas la même adrénaline. Vous ne retrouverez pas l'accélération démente d'un 1800 Kv en 6S qui vous permettra de faire un gigantesque powerloop. Le FPV c’est avant tout de l’adrénaline. Ça va vite, très vite. Ça accélère plus fort qu’une formule 1. A chaque vol, tout est remis sur la table. La moindre erreur, le moindre problème technique se paient cash. Mais ça fait partie du jeu. Et c’est très addictif.
FPV: tout reste à faire. Pourquoi ce n'est (peut être) que le début
Il y a aussi une forte demande de prise d'images à pleine vitesse en sport, course de voiture ou autres faites par des drones. Et là seul le FPV permettra de suivre la cadence, en filmant des plans jamais vus au plus proche de l'action et à des vitesses démentes. Et même sans parler de vitesse, les racers peuvent filmer de magnifiques paysages sous un angle jamais vu, avec des plans défiant les lois de l'apesanteur. Les images faites par drone font désormais partie du paysage. Alors nous sommes de plus en plus à vouloir ramener des "images du ciel", que ce soit en FPV ou avec des drones "tout public". Et les caméras sont de plus en plus petites, et les images de plus en plus belles. Le rêve d'un micro-drone sans hélice filmant en intérieur en 8K est-il si éloigné? Rendez vous dans 10 ans (ou moins!).
Visiblement, l'avenir sera électrique. Les moyens de locomotion seront électriques. On commence à voir des prototypes de voiture volantes qui volent que 5 minutes pour faire la photo, mais il y a là un début. Les technologies de propulsion, de batteries vont forcément progresser et il n'est pas impossible que les drones fassent à leur niveau avancer la recherche.
Enfin et c'est pas la raison le plus glorieuse, les drones sont en plein essor sur le plan militaire. Ça me rappelle "le film le vent se lève" de Myazaki: Certains rêvent de faire de beaux avions alors que d'autres veulent en faire des machines de mort. Même chose pour les drones.
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